21.03.2017, by Joël Ignasse, Sciences et Avenir
PARADE. Chez la plupart des espèces sexués, mâles et femelles présentent un dimorphisme, plus ou moins marqué, c'est-à-dire des caractéristiques physiques qui varient suivant le sexe. Ce peut-être la taille, la couleur ou encore la forme de certaines parties du corps. Les mâles ont également toute une gamme d'attitude comportementale qu'ils mettent en œuvre pour arriver à s'accoupler et à repousser les concurrents.
Chez les libellules modernes, les mâles peuvent avoir des pattes élargies mais pas autant que celles de Yijenplatycnemis
Ces comportements sont bien sûr difficile à appréhender pour les espèces fossiles dont il ne reste qu'une image aplanie et minéralisée. Pourtant, l'examen d'échantillons d'ambre de Birmanie a révélé trois fossiles de Yijenplatycnemis huangimâles, une espèce de libellule ancestrale aujourd'hui éteinte, présentant des pattes avec une partie terminale très élargie. Elles représentent un cas de dimorphisme particulièrement apparent et livrent des indications sur les parades nuptiales auxquelles se livraient ces libellules.
Un des fossiles découverts dans l'ambre. Crédit : ZHENG Daran.
Chez les libellules modernes, les mâles de certaines espèces ont également des pattes élargies mais pas autant que celles de Yijenplatycnemis. Elles jouent un rôle dans la parade nuptiale, le mâle les exhibant pour attirer la femelle tout en maintenant un vol stationnaire. Les rayures pourraient aussi jouer un rôle dissuasif vis à vis des prédateurs estiment les spécialistes. Pour ces derniers, la découverte de cette libellule prouve que ce types de comportement de parade était donc bien présent il y a 100 millions d'années.
Ils suspectent aussi que les pattes arrières, les plus développées, avaient plusieurs autres fonctions dont la modulation de la vitesse du vol. Dans la revue Nature Scientific Reports où ils décrivent leur découverte, les chercheurs notent aussi la présence d'une grande tache ronde qui rappelle les ocelles des papillons et qui permettent de détourner les attaques des prédateurs. Ils supposent qu'elle a dû jouer le même rôle chez Yijenplatycnemis.
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